Il y a presque deux ans, Karuna-Shechen lançait son premier programme en France, en partenariat avec l’association Mindfulness solidaire. « Résilience » est destiné aux personnes qui exercent une activité du « care », c’est-à-dire du soin, de l’accompagnement et/ou de l’aide à la personne. Les premières sessions se sont tenues auprès des membres de l’association du SamuSocial de Paris. Désormais, le parcours est ouvert à tous les profesionnels des domaines social ou médical, au sein d’une institution reconnue d’utilité publique.
Découvrir le programme Résilience
Résilience a pour objet de partager et expérimenter des outils d’intelligence émotionnelle pour prévenir la détresse empathique et développer l’auto-compassion. Chacune des huit séances est centrée sur un thème bien précis comme le changement et la gestion des émotions, le travail sur la douleur ou le pardon. Les deux heures hebdomadaires se partagent entre méditations laïques, cercles de parole et méthodes de pleine conscience.
Se préserver pour mieux aider
Les métiers qui consistent à prendre soin des autres sont particulièrement difficiles, physiquement et psychologiquement. De nombreuses études ont montré que le stress généré par leur activité affectait négativement la qualité de vie des aidants (démissions, réduction de l’estime de soi, maladies cardio-vasculaires, hypertension…) ainsi que celle des soins fournis (mauvaises décisions médicales, conflits…).
Les objectifs principaux du programme Résilience sont de « développer ses capacités de régulation du stress et de ses émotions, ainsi que ses capacités de communication et d’évolution dans son environnement professionnel ». Le but est de parvenir à trouver un équilibre entre prendre soin de soi et prendre soin des autres pour pouvoir continuer à mener à bien son travail sans tomber dans la l’épuisement émotionnel et détresse empathique ou, au contraire, le détachement et la déconnexion complète des personnes accompagnées. Les participants et participantes expérimentent la vingtaine d’outils de pleine conscience et d’intelligence émotionnelle proposés pour se les approprier et mettre en place ceux qui leur conviennent le mieux dans leur vie professionnelle et personnelle.
Méditer me fait du bien, c’est ma bouffée d’oxygène et c’est ce qui me permet d’être beaucoup plus disponible pour les personnes que j’accompagne. J’ai l’impression d’être une locomotive.
Pauline, assistante sociale et participante du programme Résilience
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Un programme riche et structuré dans un cadre de valeurs bienveillant
Karuna-Shechen a assisté à la septième session d’un cycle Résilience aux côtés d’infirmières, d’éducatrices spécialisées, d’assistantes sociales et de médecins. C’est Frédéric Bonnard, instructeur MBSR et coach professionnel qui anime ce cycle, qui se déroule à distance pour plus de flexibilité. La séance du jour porte sur l’art de la communication.
Les valeurs et exigences d’écoute, de bienveillance et de confidentialité sont rappelées à chaque début de séance. Ce cadre est indispensable à la création d’un espace de parole libre, qui facilite les échanges sincères et profonds. Après une méditation laïque de pleine conscience, un cercle de parole s’est ouvert. Les participantes ont ensuite été invitées à partager une expérience de communication difficile, en petits groupes. Cela a été l’occasion d’analyser leurs émotions et leurs réactions et d’identifier leurs besoins. Après un bilan en groupe entier, Frédéric a présenté des outils utiles pour faciliter ses échanges et discussions : ici, la communication non-violente et la parole impeccable. Chacune sera libre d’utiliser au quotidien. Une fois les explications et le débrief des deux heures terminés, la session s’est clôturée sur une dernière méditation.
Le mot de Frédéric sur le programme Résilience
Ce programme est unique car il combine à la fois la pleine conscience (prêter attention au moment présent) et l’« empowerment » (comment renforcer son pouvoir d’agir). Le développement de la conscience de soi devient une porte d’entrée vers la transformation. À cela s’ajoute la pratique collective du cercle de parole et d’écoute, qui permet une expression ouverte et sincère, ainsi qu’une écoute attentive et empathique dans un environnement bienveillant. Par ailleurs, nous utilisons une pratique que j’affectionne plus particulièrement : les dyades avec une écoute généreuse. Cela consiste à écouter longuement son binôme, l’un après l’autre en silence et sans intervenir. Il s’agit réellement d’accompagner les participants collectivement dans une prise de conscience et une transformation individuelle.
En tant qu’instructeur, je me positionne comme un participant, tout comme eux, qui partage des outils et des pratiques que nous expérimentons depuis des années et que nous mettons à leur disposition.
Je vis le programme avec les participants. Ni sachant, ni guide, ni accompagnateur, ni facilitateur. C’est une des clés du fonctionnement de ce programme.
Pauline travaille auprès de personnes isolées, sans-abri, toxicomanes ou migrantes. Après avoir commencé la méditation de son côté, cette assistante sociale belge, a connu Karuna-Shechen lors des Journées Émergences 2021. C’est ainsi qu’elle a découvert Résilience et s’est inscrite pour cette fin d’année 2022. Participer à Résilience était une manière pour elle d’élargir son champ d’observation en rencontrant de nouvelles personnes qui travaillent dans le même domaine qu’elle.
Selon Pauline, l’avantage majeur de Résilience réside dans la richesse du programme, construit autour d’outils pertinents, qui peuvent être mis en application dans des situations concrètes. La structure, très compréhensible, permet de voir les liens entre tous les thèmes des séances. Selon elle, tout ce travail est facilité par Frédéric, qui est un véritable moteur bienveillant pour le groupe. « Frédéric nous parle vrai, ce qui donne envie de répondre en parlant vrai nous aussi. », confie-t-elle. Ce sont ces échanges sincères qui permettent de prendre confiance et de progresser sereinement.
En apprendre plus sur les bienfaits de la méditation
Intégrer la méditation dans la vie et dans la société
Emily, est éducatrice spécialisée auprès de personnes porteuses de handicap et suit actuellement un formation pour devenir cheffe de service. Celle qui pratique la méditation depuis quelques années reconnaît les bienfaits du cycle Résilience : en sept semaines de programme, elle n’a pas fumé une seule cigarette. Au-delà de cet aspect, méditer quotidiennement lui permet de progresser petit à petit sur la gestion de ses émotions et sur le travail qu’elle fait sur elle-même. Selon Emily, les nombreux outils présentés sont accessibles et utilisables au quotidien, c’est ce qui les rend si utiles.
Il faudrait ramener la méditation dans la vie et dans la société. Ça nous ferait beaucoup de bien, à toutes et à tous.
Emily, participante du programme Résilience
Sabrina, a quitté le milieu hospitalier pour se préserver et travaille aujourd’hui dans un centre d’action sociale auprès de personnes précaires. Cette infirmière a décidé de participer à Résilience pour apprendre à respecter et exprimer ses limites. Y participer lui a appris à prendre du recul plus facilement sur les situations auxquelles elle est confrontée mais aussi à mieux supporter les difficultés. Le programme était aussi l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences utiles professionnellement. Elle aimerait notamment adoucir les programmes de santé en y intégrant ce qu’elle a appris durant toutes ces semaines.
J’aimerais intégrer ces outils dans les programmes de santé qui sont parfois trop lourds, pour les adoucir.
Sabrina, infirmière.
Comme elle, Emily et Pauline ont tenu à tester ces techniques par elles-mêmes pour en évaluer l’efficacité, se les approprier et être en mesure de les transmettre par la suite aux personnes avec qui elles travaillent. Dans le même esprit que Mindfulness Solidaire, elles aimeraient adapter ce qu’elles ont appris pour l’amener à un public habituellement éloigné de ces pratiques.
Pour bénéficier du programme Résilience
Grâce à son contenu riche et varié et à ses outils concrets et accessibles, Résilience a permis à ses participants et participantes d’apprendre à respecter leurs limites et de reprendre confiance en leurs capacités et leurs décisions. En 2023, le programme se poursuivra auprès des travailleurs sociaux du SamuSocial et du personnel soignant. À travers des collaborations avec de nouvelles associations, il ouvrira également ses portes aux personnes en insertion professionnelle et aux personnes isolées.
Quelle que soit notre profession ou notre situation, le projet Résilience nous rappelle que prendre soin de soi ne devrait être ni un luxe ni une source de culpabilité mais au contraire une nécessité.