Et si vous dansiez en pleine rue ?
Cela peut paraître décalé, complètement inhabituel et totalement effrayant. Mais imaginez que danser en pleine rue soit une manière d’apporter de la joie à tout votre voisinage, d’apprendre à vous connaître et de créer des liens durables, et qu’en plus de cela vous ayez toujours eu envie de le faire. Comment vous y prendriez-vous ?
Il vous faudra certainement trouver la motivation, pourquoi pas apprendre à danser et puis, surtout, oser vous lancer. Mais de la même manière qu’il est possible de rassembler son courage pour aller danser en pleine rue, il est possible d’apprendre à cultiver son potentiel altruiste.
L’altruisme, c’est augmenter le bien-être des autres ou remédier à leurs souffrances. C’est une motivation, une intention et une obligation morale.
Matthieu Ricard
Agir et plaider pour un monde plus altruiste
S’inspirer, s’entraîner, s’engager
Chez Karuna-Shechen, nous sommes convaincus que l’état d’esprit altruiste est un des antidotes aux problèmes du monde. En effet, cultiver l’altruisme permet de se mettre à la place d’autrui, se connecter à ses émotions et développer de la compassion envers tous les êtres vivants. C’est ainsi que deviennent possibles des sociétés plus conscientes et bienveillantes. Nous nous sommes donnés pour mission d’agir et de plaider pour un monde plus altruiste. Et puisque le changement collectif passe par la transformation individuelle, Karuna propose des contenus pour s’inspirer, s’entraîner et s’engager.
Reconnaître un acte altruiste
Un acte altruiste est un acte désintéressé qui résulte d’un élan de solidarité et de bienveillance. C’est le reflet de la bonté inhérente à l’être humain qui réside bel et bien en chacun de nous. Notre potentiel altruiste peut se cultiver en s’inspirant, s’entraînant et s’engageant. Aider sans rien attendre en retour, comprendre qu’il est possible de ressentir du plaisir en donnant de son temps ou de ses compétences, en s’assurant du bien-être des autres… l’altruisme peut prendre de nombreuses formes. Pour s’assurer qu’il s’agit d’un acte altruiste, et pas d’une action destinée à servir l’égo, l’intention est primordiale. Un simple test existe pour s’assurer qu’elle est juste : si, en agissant pour le bien d’autrui, la joie ressentie est aussi intense que si quelqu’un d’autre avait accompli cet acte à notre place, alors, l’action était bien altruiste.
Dans notre vie quotidienne, il est tout à fait normal d’avoir des actions qui ne servent que nos seuls intérêts. Cela ne nous condamne pas à l’égoïsme pour autant et ne résume pas non plus qui nous sommes. C’est pourquoi l’on parle plutôt d’actes altruistes que de personnes altruistes.
L’altruisme est un but vers lequel on tend, à la fois individuellement et collectivement. Ce sont alors le chemin parcouru et les efforts effectués qui importent, bien plus que la destination.
C’est dans l’effort que l’on trouve la satisfaction et non dans la réussite. Un plein effort est une pleine victoire.
Gandhi
S’inspirer : changer son regard sur le monde
Se libérer du biais de négativité
Le biais de négativité désigne le fait que les individus soient davantage marqués par les expériences négatives que par les positives. Cela engendre le syndrome du « grand méchant monde » qui donne l’impression qu’une majorité de gens commet des actes négatifs. Or, en réalité et sans nier les problèmes existants, la plupart des personnes ne commettent pas de gestes malveillants.
En changeant notre regard sur le monde, nous pouvons focaliser notre attention sur les comportements bienveillants, sur la beauté des paysages, des animaux ou des créations artistiques. On peut également s’inspirer de personnes que l’on apprécie ou d’idées qui résonnent en nous. Elles peuvent faire appel aux cinq sens, aux émotions ou à la raison. Tout est susceptible d’être une source d’inspiration.
Karuna-Shechen vous invite donc à contempler ce qui se passe autour de vous ou à travers le monde. En effet, malgré les images accablantes qui peuvent être relayées, la bonté est en réalité omniprésente. Il faudrait mettre en avant la « banalité du bien » et s’attarder sur la pluralité et la récurrence des actes altruistes qui ont lieu partout sur le globe et s’ouvrir à une nouvelle vision du monde. Vous remarquerez ainsi le regard émerveillé d’un enfant, le sourire d’un passant, la tendresse d’un parent, les pieds qui battent la mesure dans le métro et les mains qui se tendent.
Le vrai bonheur découle du sentiment de paix intérieure et de contentement qui doit être atteint en cultivant l’altruisme, l’amour et la compassion et en éliminant la colère, l’égoïsme et la cupidité.
Sa Sainteté le XIV Dalaï Lama
Donner du sens à son action
Évidemment il est possible d’avoir plusieurs sources d’inspiration, qui varient potentiellement avec le temps. Elles peuvent nous procurer l’envie d’agir, des pistes concrètes pour s’informer ou alors des idées d’actions à mener. Ici, il peut s’agir de visionner les vidéos d’autres artistes qui ont pris la voie publique comme scène ou de vous renseigner sur le nombre de sourires qu’une chorégraphie citadine peut conférer. Trouver une personne inspirante pousse à se demander quelles sont les qualités que nous devrions nourrir pour lui ressembler. C’est une invitation à l’humilité et à l’engagement pour rester en accord avec nos valeurs. On peut ainsi s’approprier les pas d’un danseur que l’on admire pour les faire nôtres et créer notre propre style.
Le but de l’inspiration est qu’elle conduise à agir pour le meilleur. Elle peut provenir d’éléments positifs suscitant l’émerveillement mais peut aussi se traduire par de l’indignation face à une situation révoltante. Dans tous les cas de figure, s’inspirer permet de se rappeler nos motivations et de donner du sens à l’action. Sans cela, on risque de perdre de vue notre raison d’agir. Il est donc nécessaire de trouver de l’inspiration au quotidien et de se questionner pour pouvoir recalibrer nos décisions, nos pratiques et nos aspirations et, ainsi, s’assurer de la justesse de nos intentions.
S’entraîner : se changer soi-même
Développer notre intelligence émotionnelle pour prévenir la détresse emphatique
L’intelligence émotionnelle correspond à la capacité à reconnaître les émotions chez soi et chez les autres et à faire des liens entre ressentis, sentiments et émotions. En la développant, nous entrons plus facilement en compassion avec les autres.
Comme toute forme de pratique régulière, l’intelligence émotionnelle peut être cultivée et les actes altruistes rendus plus faciles et plus fréquents. Avec le temps, il est possible de transformer ses habitudes pour les intégrer à son quotidien et se changer soi-même. On ne naît pas en sachant danser mais on peut apprendre. S’entraîner prend du temps : on peut commencer par des pas simples avant de maîtriser plusieurs chorégraphies ou styles de danses.
S’entraîner c’est donc se transformer à l’échelle individuelle mais également participer au changement au niveau sociétal.
Si nous transformons notre façon de percevoir les choses nous transformons la qualité de notre vie. Et ce changement résulte d’un entrainement de l’esprit que l’on appelle « méditation ».
Matthieu Ricard
Respecter ses limites pour ne pas s’épuiser
Toutefois, cette connection parfois très forte avec les émotions de l’autre comporte un risque de se laisser submerger par les émotions des autres. En effet, se connecter aux souffrances des autres comporte le risque de se laisser happer et déborder par ce qu’ils ressentent. Gare à la fracture de fatigue donc !
Il est donc important de connaître ses limites pour se préserver et continuer à aider les autres sans en pâtir. L’intelligence émotionnelle est un des outils servant à comprendre ce qui se passe en nous face à certaines situations en faisant le lien entre une sensation et une émotion. Elle consiste à apprendre à identifier nos émotions et celles des autres, les maîtriser et s’en servir pour se motiver et atteindre ses objectifs. La développer c’est pouvoir reconnaître ce qui nous fait du bien et détecter les signes d’épuisement ou de mal-être. Cet équilibre entre prendre soin de soi et prendre soin des autres est essentiel pour garder un état d’esprit altruiste au quotidien. Travailler sur soi est donc indispensable pour éviter de s’épuiser face aux problèmes du monde et de basculer dans la détresse empathique.
—> Découvrez les programmes de Karuna-Shechen et Mindfulness solidaire à destination des travailleuses et travailleurs sociaux.
Se laisser emporter par une multitude de problèmes conflictuels, répondre à trop de sollicitations, s’engager dans trop de projets, vouloir aider tout le monde en toute chose, c’est succomber à la violence de notre époque.
Thomas Merton, moine cistercien-trappiste américain
S’engager : changer le monde
Agir plutôt que ressasser
Ça y est, vous y êtes presque. Vous avez créé votre enchaînement de pas, vous l’avez répété, vous savez quel est votre but. Un premier geste altruiste peut mener à d’autres : il est l’activation d’un rouage, d’une mécanique présente en nous. Cette multiplication des gestes contribue à la diffusion de l’altruisme et des sources d’inspiration pour les personnes qui en seront témoins. Il n’y a plus qu’à sortir et vous laisser porter par l’habitude et l’adrénaline, car l’inspiration et l’entraînement sont dénués de sens s’ils ne mènent pas à une forme d’action.
À vous de sentir si vous avez besoin de prendre soin de vous ou bien si vous avez l’énergie pour vous engager, guidé par une intention juste. L’idéal est de commencer par des petits gestes qui sont des sources de motivation et de joie. Face à toute la souffrance présente dans le monde, ces petites actions pallient le sentiment d’impuissance qui peut parfois nous submerger.
Il faut créer l’action, parce que l’action crée le mouvement, et que le mouvement entraîne les individus.
Christian Le Guillochet, acteur, dramaturge et metteur en scène
Créer un engagement qui vous ressemble
De même qu’il existe des dizaines de types de danses différents, l’engagement peut aussi prendre des formes différentes : du relai d’information au travail sur le terrain, de la création de discussions au soutien financier, d’ajustements quotidiens mineurs aux grands choix personnels et professionnels. Il peut être soudain ou progressif, provenir d’une initiative personnelle, être au service d’une structure existante, se faire seul ou en groupe.
À vous de trouver votre rythme et d’agir à votre échelle et avec vos ressources selon votre sensibilité et les causes qui vous touchent. L’important, c’est que l’engagement vous ressemble. Et puisqu’il existe toujours des moyens et des opportunités pour agir, et ce dans tous les domaines, à vous de choisir ceux qui résonnent le plus en vous. Bien sûr, rien n’est figé et tout peut évoluer en fonction de ce qui vous inspire ou de ce qui vous est possible de faire. L’important est que vous vous sentiez à votre juste place, au service d’un monde plus altruiste.
S’inspirer, s’entraîner et s’engager au quotidien
Ce triptyque est un outil, qu’il convient à chaque individu d’adapter et de développer pour mieux agir au quotidien et dans la durée. Pour ce faire, toutes les composantes sont complémentaires et indispensables, au risque de créer un déséquilibre. Tout le monde possède un potentiel altruiste qu’il est possible de développer une fois qu’on en a pris conscience et que l’on a identifié les manières de le cultiver. Néanmoins, Karuna-Shechen vous recommande de commencer par ce qui est le plus facile pour vous : s’inspirer, s’entraîner ou s’engager, avant d’intégrer les autres dimensions au fur et à mesure. Similairement, vous pouvez en faire usage dans un domaine qui vous tient à cœur et l’étendre à d’autres sphères.
Vos croyances deviennent vos pensées, Vos pensées deviennent vos mots, Vos mots devinnent vos actions, Vos actions deviennent vos habitudes, Vos habitudes deviennent vos valeurs, Vos valeurs deviennent votre destinée.
Gandhi
Enfin, Karuna-Shechen vous propose des ressources pour vous accompagner et vous encourager à vous inspirer, vous entraîner et vous engager, mais il est important d’avoir conscience que cultiver son potentiel altruiste n’est pas toujours facile. Ce n’est pas une performance qui se fait sans entractes ni en apnée. Il se peut qu’elle soit parsemée de moments de doute ou de repos, de manque d’inspiration ou de rues vides. Il y a des jours où la représentation sera de courte durée et d’autres où elle ne récoltera pas d’applaudissements. L’important, c’est que vous sachiez toujours pourquoi vous dansez.