Makar Sankranti est célébré  chaque année au mois de janvier en Inde avec beaucoup de zèle et d’enthousiasme pour marquer la fin des hivers et le début d’une nouvelle saison de récolte. Ce festival est dédié au dieu du soleil, Surya. La fête est célébrée non seulement en Inde mais aussi dans d’autres pays d’Asie : au Bangladesh, Makar Sankranti est connu sous le nom de Shakrain, au Népal sous le nom de Maghe Sankranti, et en Thaïlande sous le nom de Songkran.

Le mythe de Sankranti

Selon l’ancienne mythologie hindoue, le solstice d’hiver symbolise la Nuit des Dieux, signe d’obscurité et de négativité. À l’inverse, le solstice d’été symbolise le jour des dieux et est considéré comme divin. Le Makar Sankranti célèbre donc la fin d’une phase défavorable et le début d’une phase favorable. 

L’almanach hindou, Panchaang, considère Sankranti comme une divinité. Selon une légende, la divinité Sankranti a tué un démon appelé Sankarasur le jour de Makar Sankranti. Une autre histoire raconte comment, ce jour-là, le Seigneur Vishnu a tué les démons qui semaient la terreur et les a enterrés sous la montagne Mandara. Ces deux légendes transmettent le puissant message de la victoire du bien sur le mal.

Si le Makar Sankranti est célébré en grande pompe au niveau panindien, chaque État a un nom et des pratiques de célébration différents pour cette fête. La myriade de noms et de rituels locaux définissant le Makar Sankranti reflète la diversité culturelle de l’Inde.

En Inde – Une célébration centrée sur l’altruisme

Les hindous de toutes les régions de l’Inde commencent la journée du Makar Sankranti en se baignant dans la rivière au lever du soleil et en offrant des prières au Seigneur Surya en guise de remerciement pour ses bienfaits. Plus tard dans la journée, les gens offrent des céréales fraîchement récoltées au Dieu tout-puissant pour célébrer le début d’une nouvelle saison de récolte. En ce jour pieux, les hindous s’engagent également dans des activités charitables et altruistes comme le don de vêtements chauds, de couvertures, de nourriture et d’ustensiles aux pauvres. De délicieuses sucreries à base de graines de sésame (Til) et de Jaggery (Gud) sont préparées et partagées avec la famille et les amis comme symbole d’unité. En outre, des événements sociaux tels que des foires, des feux de joie et des compétitions de cerf-volant ajoutent à la ferveur festive.

La nourriture est l’un des principaux points centraux du Makar Sankranti. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que chaque État se targue de proposer des plateaux de desserts uniques pour célébrer le festival. Par exemple, Tilkut au Bihar, Gulachi Poli et Murmura Chikki au Maharashtra, Patishapta et Pulipitha au Bengale occidental, Tik Chikki au Gujrat, Pheni au Rajasthan, Revari et Pinni au Punjab, Makara Chaula à Odisha, Til Pitha à Assam, etc. Tous ces bonbons sont préparés à partir de graines de sésame ou de Til et de Gud (sucre de canne) comme ingrédients principaux.

M. Satyendra Prasad, responsable de notre jardin potager au Bihar, explique pourquoi les sucreries sont préparées à partir de graines de sésame et de sucre de canne : « Makar Sankranti marque la transition entre l’hiver et le printemps. Les fluctuations de la température atmosphérique, qui passe du froid au tiède à cette époque, nous rendent sensibles aux déséquilibres corporels. Til et Gud gardent notre corps au chaud et renforcent nos niveaux d’immunité, nous empêchant ainsi d’attraper froid pendant le changement de saison. C’est pourquoi ces ingrédients sont obligatoirement utilisés pour préparer divers desserts au Makar Sankranti. Au Bihar, nous préparons des sucreries succulentes ! ».

Au Népal – à chaque communauté sa tradition !

Au Népal, Mahe Sankranti marque le jour le plus froid de l’hiver et favorise les liens familiaux et communautaires tout en offrant de délicieux mets. Ce jour-là, les gens se baignent dans des rivières sacrées – comme en Inde – et adressent des prières aux dieux. Principalement célébrée par les hindous, la manière de la célébrer varie selon les communautés ethniques du pays. 

La communauté Newar de la vallée de Katmandou observe ce festival sous le nom de « Ghyo Chaku Sallhu ». Les aînés, en particulier les mères, appliquent de l’huile de moutarde sur la tête des juniors. Les gens passent leur journée à se prélasser au soleil avec des massages à l’huile. Considéré comme le jour le plus froid de l’hiver, les délices consommés spécialement ce jour-là sont le ghee (beurre purifié), le Chaku (mélasse durcie) et les bonbons au sésame.

De même, la communauté Magar célèbre ce festival à la mémoire de ses ancêtres en offrant du « khichadi » en signe de respect et de prières à leurs ancêtres dans la rivière tôt le matin. Une autre tradition pratiquée ce jour-là par la communauté Magar est la collecte des kandamuls (légumes qui poussent sous terre) quelques jours avant. « Je me souviens encore de la collecte des kandamuls avec des amis quand j’étais jeune. Je ne suis pas un bon danseur, mais lors des rassemblements communautaires, tout le monde danse, donc personne ne se sent gêné et on s’amuse beaucoup », a partagé M. Indra Sinjali, responsable de programme chez Karuna-Shechen.

Pendant ce temps, la communauté Rajput de la région du Teraï se réjouit du lien qui unit les parents à leur fils. Les parents donnent cinq fois des graines de sésame et du riz sur la main de leur fils pour lui faire promettre qu’il prendra soin d’eux dans leur vieillesse. Ici, on pense que recevoir une graine de sésame de la main de quelqu’un vous rend redevable. « Ma femme pratique toujours cette tradition chaque année, même si nous vivons à Katmandou », a déclaré M. Birendra Singh, responsable administratif de Karuna-Shechen.


Sankranti est l’occasion pour les familles de célébrer leurs ancêtres en se réunissant dans les sphères publiques et privées, et en cuisinant des plats traditionnels à partager avec leurs amis. Cette célébration est profondément enracinée dans les traditions hindouistes et transmet un véritable sentiment d’unité et de solidarité.