Chaque instant de notre vie a une valeur inestimable.
Nous laissons encore trop souvent le temps s’écouler comme de l’or fin entre nos doigts, au risque de se retrouver les mains vides à la fin de notre vie. Pour cela, il est important de prendre conscience de chaque seconde qui passe.
Bronnie Ware, infirmière en soins palliatifs, partage dans son livre Les 5 regrets des personnes en fin de vie, les témoignages aussi touchants qu’inspirants de ses patients, qui regrettent de ne pas avoir pris des décisions les représentant profondément.
Les gens grandissent beaucoup lorsqu’ils sont confrontés à leur propre mortalité. Certaines transformations ont été phénoménales. Chacun des mes patients a éprouvé des émotions variées, comme prévu : déni, peur, colère, remords, encore du déni, puis finalement, acceptation.
Bronnie Ware
Comme le rappelle Philippe Carré, professeur en science de l’éducation, “nous n’apprenons jamais sans les autres”. Voici donc la liste des cinq regrets, que Bronnie Ware a listés à partir d’expériences vécues. Nous pouvons en tirer des enseignements à appliquer à notre propre existence.
1. J’aurais aimé avoir le courage de vivre une vie fidèle à moi-même, pas la vie que les autres attendaient de moi
Bronnie Ware explique que ce regret serait le plus fréquent.
Les personnes se disaient que leur vie prendrait fin sans avoir réalisé leurs objectifs de vie, en sachant que cela était dû aux choix qu’elles avaient faits ou non.
Lorsque nous réalisons que notre vie touche à sa fin et que nous la passons en revue, il devient évident que de nombreux rêves sont restés inexploités, et cela est normal.
Il arrive effectivement qu’à cause de notre besoin naturel d’être accepté, nous n’osions pas aller vers ce que nous apprécions réellement.
Nous nous conformons à ce que nous dicte la société ou ferait plaisir à notre entourage, essayant de leur plaire plus qu’à nous-mêmes. Mais comme le rappelle la psychologue Karen Demange, essayer de plaire à tout le monde peut gravement nuire à notre santé mentale et créer de l’anxiété.
Il est essentiel de déterminer ce que nous aimons et de nous donner les moyens de réaliser certains de nos rêves qui nous sont chers. Il ne faut pas pour autant, se mettre la pression.
Prendre soin de soi et s’écouter est important, ne nous oublions pas. Nous sommes responsables d’accepter ou refuser certaines décisions, en s’assurant que cela soit en accord avec nos propres choix.
Commençons par l’auto-compassion
Écrire les pages de sa vie peut se faire en commençant par une reconnexion au corps.
Prenons un moment pour expérimenter une pratique de méditation sur l’auto-compassion, inspirée par le programme MSC (Mindful Self-Compassion) :
- Pensez à un moment où quelqu’un que vous aimez n’allait pas bien.
Rappelez-vous de votre comportement envers cette personne : les gestes, les paroles que vous lui avez dites.
- Maintenant, pensez à un moment où vous-même n’alliez pas bien.
Notez comment vous vous êtes comporté envers vous-même : les gestes, les paroles que vous vous êtes adressés.
- Observez les différences.
Souvent, nous sommes beaucoup plus doux et bienveillants envers les autres, et plus durs envers nous-mêmes.
Cette pratique peut aider à constater ces différences et à cultiver une attitude plus bienveillante envers nous-mêmes et envers les autres, utiles dans toutes circonstances.
2. J’aurais aimé ne pas avoir travaillé si dur
Bronnie Ware a observé ce regret chez chaque patient masculin. Les femmes l’exprimaient aussi, mais étant d’une génération plus ancienne, la plupart s’occupaient du foyer.
Tous les hommes soignés regrettaient profondément d’avoir consacré autant de temps à leur carrière professionnelle. Ils avaient manqué l’enfance de leurs enfants et la compagnie de leur partenaire.
Aujourd’hui, hommes comme femmes, beaucoup priorisent leur vie professionnelle. Selon une étude, 39% des salariés estiment ne pas avoir un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Pensons à trouver un juste milieu afin de nous épanouir. Ne sommes-nous pas trop souvent influencés par des valeurs qui alimentent notre plaisir comme la réussite et le succès ? Cette dynamique complexe, influencée par notre besoin instinctif d’acceptation sociale, peut avoir des répercussions significatives sur notre bien-être.
Lorsque nous approchons de la fin de vie, réaliser que l’histoire que nous avons écrite n’est pas celle que nous souhaitions peut-être brutal.
Serait-il alors possible de trouver un juste équilibre entre sens, travail et revenus selon ses souhaits et valeurs ?
Identifions ce qui nous anime
Trouvons ce qui nous motive à nous lever le matin. La méthode japonaise Ikigai (“raison de vivre”), rendue célèbre par le psychologue Akihiro Hasegawa, peut nous y aider en cinq étapes :
- Énumérer ce que vous aimez faire (loisirs, relations, activités…) ;
- Lister les domaines dans lesquels vous êtes performant(e), agréables ou non ;
- Réfléchir aux domaines qui peuvent vous procurer une forme de reconnaissance (financière, sociale, relationnelle…) ;
- Identifier les activités (petites ou grandes) qui peuvent apporter du positif au monde ;
- Croiser les réponses afin de trouver les activités que vous aimez et qui permettent de faire évoluer le monde, les activités dont le monde à besoin et qui peuvent vous apporter une reconnaissance, les activités dans lesquelles vous êtes compétent(e).
Cette méthode vous aidera à débuter un travail d’introspection afin de trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et convictions personnelles.
3. J’aurais aimé avoir le courage d’exprimer mes sentiments
Bronnie Ware a observé que de nombreuses personnes réprimaient leurs sentiments de peur d’être rejetées par les autres. Cependant, cette crainte les a empêchés d’exploiter pleinement leur potentiel. Certains ont même développé des troubles mentaux liés à l’amertume et au ressentiment accumulés.
Bien que nous ne puissions pas contrôler les réactions des autres, il est crucial d’exprimer nos sentiments de manière respectueuse et constructive.
En parlant honnêtement, les gens peuvent changer leur comportement envers nous, ce qui peut conduire soit à une relation plus saine, soit à la fin d’une relation toxique.
Dans les deux cas, nous en sortons grandis et mieux alignés avec nous-mêmes.
Libérons-nous des poids émotionnels
La vulnérabilité est au centre de la honte et de la peur et de notre problème d’estime de soi mais il semble que ce soit aussi la source de la joie, de la créativité, du sentiment d’appartenance et de l’amour.
Brené Brown
Osons exprimer ce que nous ressentons. Il est fondamental de cesser d’être dans le contrôle et de plutôt accueillir sa vulnérabilité, ces sentiments que l’on considère parfois comme de la faiblesse. Elle donne pourtant le courage d’oser exprimer ses sentiments, en accueillant ses émotions.
Parmi les pistes susceptibles de nous aider, nous pouvons :
- Oser exprimer sa vulnérabilité : Faire preuve de gratitude et de reconnaissance, en essayant de trouver le positif dans une situation. ;
- Pratiquer l’auto-compassion : Adopter une attitude bienveillante vis-à-vis de soi-même;
- Exprimer un besoin à quelqu’un.
4. J’aurais aimé rester en contact avec mes amis
Souvent, les gens ne réalisent l’apport des vieux amis que dans leurs dernières semaines et il n’est pas toujours possible de les retrouver
Bronnie Ware
Beaucoup de personnes, absorbées par leur vie quotidienne, laissent s’éloigner des amitiés précieuses. Elles expriment souvent un profond regret de ne pas avoir accordé à ces relations le temps et les efforts qu’elles méritaient.
Selon la thérapeute Christina Wrinkler, perdre une amitié reviendrait à perdre une part de soi-même, entraînant un déséquilibre et une douleur émotionnelle profonde.
Il est cependant essentiel de cultiver des relations humaines de qualité.
En tant qu’animaux sociaux, avoir des interactions humaines bienveillantes serait l’un des principaux facteurs favorisant le bonheur (selon Robert Waldinger et Marc Schultz).
Elles enrichissent notre parcours et nous aident à affronter les épreuves de l’existence.
Privilégions des relations qualitatives
Se tourner vers les autres apporte de la joie, réduit le stress et fait augmenter l’estime de soi.
Des relations négatives envoient au contraire, des messages stressants au cerveau, plongeant l’individu dans un état d’anxiété.
Afin de cultiver des relations de qualité nous pouvons:
- Communiquer avec nos proches : Leur envoyer un message ou les appeler de temps en temps, même si ce n’est que pour un court échange.
- Nous adonner à des activités en lien avec nos valeurs : Le bénévolat, par exemple, peut nous permettre de rencontrer des personnes ayant des centres d’intérêts similaires.
- Pratiquer l’écoute active : Montrer de l’intérêt pour ce que les autres ont à dire et être présent mentalement et émotionnellement.
- Exprimer notre gratitude : Faire savoir aux personnes qui nous entourent à quel point elles impactent notre existence et comptent pour nous.
En intégrant ces pratiques à notre vie quotidienne, nous pouvons renforcer nos relations humaines et créer des liens significatifs qui enrichiront notre existence.
5. J’aurais aimé m’autoriser à être plus heureux
Les regrets évoqués par Bronnie Ware reflètent une tendance à négliger le bonheur dans le processus de construction de la vie, au profit du plaisir. Selon Robert Luftig, chercheur, le plaisir serait “de courte durée, instinctif, matériel et solitaire” et créerait une forme d’addiction sur le cerveau car nous en voulons toujours plus. Le bonheur est lui, à l’inverse, de longue durée et contribue à l’épanouissement.
La peur du changement avait amené les patients à prétendre qu’ils étaient heureux. Alors qu’au fond, ils aspiraient à donner plus de sens à leur et à retrouver plus de bonheur et de légèreté.
Pour être heureux, aussi paradoxale que cette idée puisse paraître, il faut accepter le fait que l’on va mourir.
C’est l’un des pas principaux pour apporter plus de signification à l’existence.
Puisque ce n’est pas une vérité négociable, il faudrait plutôt le voir comme un “outil pour vivre” plutôt que quelque chose d’effrayant, comme le suggère la psychologue clinique Susan Krauss Whitbourne.
Dans leur livre Quand la mort éclaire la vie, les auteurs expliquent que la conscience de la mort permet de se reconnecter à soi-même et à ce qui nous est cher. Elle mène à une plus grande tolérance, compassion et même à une conscience des enjeux pro-environnementaux.
Elle impacte également notre santé, nous poussant à faire de meilleurs choix, comme ne pas fumer ou faire plus d’exercice.
Vivons en ayant conscience de notre impermanence
Puisque nous allons tous et toutes mourir un jour, la question à se poser afin de rendre notre existence agréable est celle de savoir ce que nous voulons faire du temps qui nous est donné.
Comme le dit Susan Krauss Whitbourne, presque tous les regrets viennent du manque de courage de vivre en faisant ce que nous dit notre coeur. Le secret est de le suivre en se débarrassant du besoin de connaître le futur et de le contrôler.
La vie est faite de choix. Choisissons donc consciemment, sagement, et honnêtement. Autorisons-nous à rechercher ce qui nous rend vraiment heureux. Simplement, choisissons le bonheur.
La perfection vient dans des petits moments du quotidien en prenant des choix éclairés sur la façon de vivre votre vie.
Christophe André, Christophe Fauré, Steven Laureys et Matthieu Ricard
Inspirons-nous de ces regrets
Prenons ces témoignages comme des leçons à appliquer à sa propre vie et notamment dans les relations que l’on entretient avec autrui. Ils peuvent aider à trouver la motivation nécessaire afin d’y donner plus de sens. La clé du bonheur réside dans notre capacité à vivre authentiquement, avec le courage de suivre notre cœur et de faire des choix éclairés.
J’ai réalisé que j’avais la chance d’entendre ces leçons de vie et que si je n’en tenais pas compte, moi aussi je le regretterais.
Susan Krauss Whitbourne
Alors que nous réfléchissons à notre vie, pensons à ce que nous voulons laisser derrière nous. La générosité et l’altruisme peuvent transformer des vies et perpétuer notre impact bien au-delà de notre propre existence.
Découvrez le legs, qui offre des moyens significatifs pour soutenir durablement des programmes de solidarité. Notre générosité et bienveillance pourront ainsi vivre et inspirer longtemps après nous.