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Actualités - Transformer le présent pour embellir le futur
Émerveillement
Transformer le présent pour embellir le futur
Et si nous remplacions l’odeur des forêts qui brûlent par celle de la brise marine, le raffut de l’heure de pointe par le calme de la montagne ? Et si nous échangions nos maux de tête et peines de cœur contre la chaleur d’une étreinte ? Et si nous délaissions l’amertume des temps passés pour le goût de l’altruisme ?
Sans pour autant détourner le regard face aux conséquences alarmantes du dérèglement environnemental, Karuna-Shechen vous incite à admirer ce qu’il y a de beau et de majestueux en nous et autour de nous. C’est ainsi que l’on peut prendre conscience de l’interdépendance des êtres humains entre-eux et envers les plantes, les animaux et les ressources naturelles et comprendre que notre existence ne doit pas se faire au prix de la destruction de la planète et des espèces qui la peuplent.
Karuna-Shechen vous invite à porter un nouveau regard sur le vivant, à en redécouvrir le rythme et la préciosité : à vous émerveiller.
L’émerveillement adulte est une expérience au cœur de l’humanité. C’est le plein derrière le vide ; encore faut-il accepter de passer par le vide… les grands émerveillés sont des vivants formidables et font des indignés magnifiques, pourfendeurs de l’injustice.
Bertrand Vergely, philosophe et essayiste français*
S’émerveiller
S’émerveiller, c’est prendre le temps de contempler des paysages ou des êtres vivants et prendre conscience des sensations que l’on tend à négliger. De même que ses manifestations ne sont pas identiques pour tout le monde, l’émerveillement ne s’explique pas toujours par un raisonnement logique implacable. C’est une histoire de ressenti, de frisson ou de sourire incontrôlable, de soudaine plénitude ou de battement de cœur plus virulent que les autres.
Nous pouvons nous émerveiller de ce qu’il y a de meilleur chez les autres comme de ce qu’il y a de plus sublime dans la nature
Matthieu Ricard
Dans un contexte de crises économique, diplomatique, climatique et sociale, les raisons d’angoisser sont nombreuses, et l’état environnemental du monde à venir en est une. On estime qu’entre 17 et 29% de la population et 60% des 16-25 ans souffrent d’éco-anxiété. S’émerveiller apparaît donc comme une solution aux angoisses et à l’isolement. En effet, de nombreuses méthodes pour atténuer les symptômes de l’éco-anxiété sont identiques aux manières de cultiver l’émerveillement. On compte parmi elles le fait de passer du temps dans la nature, faire du sport, méditer ou participer à des discussions bienveillantes avec ses proches.
Plusieurs études démontrent que s’émerveiller comporte de nombreux bienfaits, à courts et à longs-termes, que ce soit une réduction du stress et de l’anxiété, un ralentissement du rythme cardiaque, un affaiblissement des risques de maladies, mais aussi une hausse du bien-être, un regain d’énergie et un renouvellement de la créativité. L’émerveillement est également à l’origine d’un phénomène appelé « unselfing », de désintéressement, qui limite la rumination et l’enfermement sur soi et sur ses problèmes. Il se traduit aussi par une envie d’aller vers les autres, de tisser des liens et de les aider. C’est donc une porte formidable vers la rencontre et l’altruisme. Par ailleurs, laisser les jeunes enfants s’émerveiller, en les amenant à être au contact de la nature régulièrement, à explorer à leur rythme leur environnement et redécouvrir spontanément ce qui peuple leur quotidien est nécessaire à leur développement cognitif et sensoriel.
→ Partagez vos photos et sources d’émerveillement avec la communauté Karuna-Shechen grâce au mot clé #KarunaEmerveillement
Cultiver l’émerveillement
Le plus beau dans l’émerveillement, c’est qu’il s’agit de quelque chose de simple et accessible, mais surtout de personnel et intérieur, qui peut être cultivé aisément. Il n’est pas nécessaire de voyager à l’autre bout du monde ou de s’adonner à des activités insolites pour le ressentir. Qu’il s’agisse de la vue de votre fenêtre, du chant routinier des oiseaux, des caresses des animaux ou bien d’une musique qui ne manque jamais de vous procurer des frissons, d’un souvenir que vous chérissez tendrement ou du geste spontané d’altruisme dont vous avez été témoin, les sources de beauté et d’admiration ne manquent pas. Elles peuvent d’ailleurs varier ou se multiplier au fil du temps. L’important est de trouver celle qui vous convient.
Cette approche positive et résolue est différente de celles plus frontales, alarmistes et culpabilisantes que l’on a l’habitude d’entendre, bien que s’émerveiller n’exclue pas l’indignation, qui est une réaction légitime.
En se prenant d’admiration, on cherche nécessairement à retrouver cette sensation d’éblouissement, on se renseigne, on la cultive. S’émerveiller est donc un prélude à une passion qui nous anime tellement qu’elle nous pousse à la partager avec les autres, à faire en sorte qu’ils puissent la connaître et donc à agir pour en préserver la source. Et si tout le monde ne s’émerveille pas des mêmes évènements, chacun peut se reconnaître dans cette flamme passionnée qui fait écho à celle qui brûle en soi.
C’est en cela que s’émerveiller, puis se passionner, peut être une solution pour convaincre les neutres, les indolents et les sceptiques, en brisant l’indifférence et le défaitisme. Car en s’émerveillant, on s’attarde sur la beauté et l’harmonie de toutes les espèces et de tous les éléments. On acquiert, non pas l’espoir, mais la conviction qu’il est possible de participer au changement et que nos actions ne sont pas vaines. Cette émulation qui se dégage de l’émerveillement permet de surmonter sa peur, son appréhension et ses doutes.
Il faut oser s’ouvrir aux autres, s’ouvrir à la vaste interdépendance des êtres et de la nature, prendre à cœur le sort des générations à venir et de toutes les autres espèces qui, comme nous, cherchent à éviter la souffrance et à vivre leur vie jusqu’à son terme.
Matthieu Ricard
Évidemment, se contenter de s’émerveiller ne suffit pas à changer le monde. Il s’agit plutôt d’un point de départ pour prendre conscience de notre interdépendance avec le vivant et de modifier nos comportements, pour le meilleur.
Agir en prenant soin du vivant
Comment contempler des chutes d’eau et des ciels de jaie étoilés, entendre le bourdonnementdesabeilles qui butinent et les rires de chérubins insufflés à l’air pur, se rouler dans la neige blanche immaculée et courir dans des prairies verdoyantes, sans faire en sorte que les générations futures puissent aussi en faire de même ?
S’émerveiller, analyse Jean-Pierre Bouillard, c’est « aimer et veiller ». Aimer et veiller sur ce qui nous permet de vivre, sur les personnes qui vivent à côté de chez nous, à des milliers de kilomètres ou à une génération future près. En cela, nous avons toutes et tous une responsabilité et de nombreuses possibilitésde s’engager. Et si réformer son quotidien et ses habitudes peut paraître effrayant, ces changements demeurent néanmoins indispensables. Contrairement à ce qui peut être laissé entendre, les actions quotidiennes et les décisions individuelles comptent. D’une part parce que chaque geste est un potentiel modèle d’inspiration et chaque discussion une graine que l’on plante qui finira par germer, et d’autre part, parce qu’il est bel et bien possible, à taille humaine, de réduire son empreinte carbone et d’adopter un mode de vie responsable. Rassurez-vous, il n’y a pas besoin d’être Greta Thunberg pour être en mesure d’agir.
Nous libérer de l’égocentrisme nous donne une plus grande liberté d’action. Le passé est joué, l’avenir ne l’est pas.
Jean-François Revel
Tout d’abord, il convient de se poser les bonnes questions, notamment avant de prendre des décisions déterminantes, comme le choix de ses études ou de son métier. « L’appel à déserter » des étudiants d’AgroParisTech lors de la remise des diplômes en mai 2022 a marqué les esprits. Comme eux, ce sont près de 30 000 étudiants qui ont rejoint le collectif « Pour un réveil écologique » depuis 2018, qui plaide pour une inclusion des questions environnementales dans les programmes scolaires et les formations de l’enseignement supérieur. Le collectif met à dispositions des ressources variées pour s’informer et « réveiller » son entourage.
Il est ensuite indispensable de remettre en question nos modes de consommation et de déplacements. Éteindre les lumières, oui, mais aussi limiter les déplacements en voiture et en avion, ne pas gaspiller mais également remplacer la « fast-fashion » par la « slow-fashion », recycler mais surtout limiter sa consommation de viande et acheter des produits locaux, de saison et en vrac. De même, l’outil des «4P» permet de mettre en place des actions simples, en se demandant « Quel est le Plus Petit Pas Possible que je puisse faire pour agir et changer les choses ? ». Cumulés, ces petits gestes aboutissent à une différence considérable.
Bien entendu, la crise climatique (et toutes les autres, qui sont intrinsèquement liées), ne trouveront pas de solution sans l’action d’acteurs institutionnels et transnationaux. Là encore, nous avons un rôle à jouer en tant qu’individus. Il ne faut pas sous-estimer l’efficacité du dialogue ni de l’engagement citoyen. Ainsi, une première étape peut consister à se renseigner avant de sensibiliser notre entourage aux bonnes pratiques et de dénoncer les inégalités et les conséquences désastreuses créées par la surexploitation des ressources naturelles et humaines. Enfin, les différents mouvements de mobilisation ont prouvé leur efficacité dans l’interpellation des gouvernements, entreprises et grands décisionnaires. Maintenant que nous connaissons les pistes d’action aux problèmes actuels, agir pour l’environnement n’est pas qu’un choix personnel, c’est une question de justice sociale, d’égalité et d’humanité, une responsabilité immédiate, qui incombe à toutes et à tous.