Nabina Tamang est vétérinaire pour Karuna-Shechen depuis un an. Elle vit à Serthung, village de la municipalité rurale de Ruby Valley, avec son jeune fils et ses beaux-parents, tandis que son mari travaille à l’étranger.

Elle apprécie les différents aspects du métier de technicienne vétérinaire : « Au fil du temps, mon enthousiasme pour ma profession s’est accru. En plus d’aider les agriculteurs, je peux aussi aider les animaux, c’est pourquoi j’apprécie vraiment mon travail de technicienne vétérinaire. Servir les habitants de ma communauté me passionne vraiment » .

Être vétérinaire est un travail difficile, mais cela n’empêche pas Nabina de chercher à acquérir de nouvelles connaissances et à se lancer des défis : « apprendre de nouvelles idées et de nouveaux concepts est une autre de mes grandes passions, surtout lorsqu’ils concernent la profession vétérinaire. Après ma famille, l’éducation est l’élément le plus important de ma vie, c’est ce qui permet de réussir. Le fait d’être vétérinaire m’oblige à voyager beaucoup dans plusieurs villages d’intervention, mais dès que j’ai du temps libre, j’aime utiliser internet pour m’instruire sur les nouvelles idées vétérinaires. J’aime regarder des vidéos et apprendre de nouvelles compétences, ainsi que des informations sur les traitements et les maladies liées aux animaux ».

Son père, Maanman Tamang, 52 ans, constate qu’elle s’épanouit dans un environnement stimulant : « Je suis convaincu que si elle reçoit une formation complémentaire ou si on lui donne une chance, ma fille prospérera avec joie dans tout ce qu’elle entreprendra. Les femmes sont capables de tout faire ; on leur a simplement refusé l’accès aux opportunités et aux plateformes. »

Le poste de vétérinaire est très dominé par les hommes. L’inscription même à l’école vétérinaire était déjà un geste fort contre la position sociale qui lui était assignée : « Je pense qu’il est important pour nous, les femmes, d’être indépendantes et autonomes.

Dans mon village, tout le monde était contre le fait que les femmes aillent à l’école, mais les choses changent – lentement, certes, mais elles changent. Cependant, je suis reconnaissante que, bien qu’il soit conventionnel que seuls les hommes de ma communauté s’inscrivent à l’école vétérinaire, mon père ait décidé de m’y inscrire malgré tout, balayant les stéréotypes et les attentes culturelles. Y aurait-il une civilisation s’il n’y avait pas de femmes ? Je me pose souvent cette question. Alors pourquoi pratiquer la discrimination alors que les hommes et les femmes peuvent travailler de manière égale ? ».

Le travail acharné de Nabina est reconnu par son entourage, comme son père, qui souligne sa fierté : « J’ai sincèrement le sentiment que ma seule fille accomplit plus que mes deux fils. J’ai vu à quel point elle est enthousiaste à propos de son travail, et après l’avoir vu, je peux dire qu’elle est courageuse et déterminée. J’ai vu quelques vétérinaires masculins dans notre communauté qui sont terrifiés lorsqu’ils voient du sang ou doivent le traiter ; ils évitent également d’aller dans d’autres endroits, mais ma fille est devenue plus courageuse et plus habile dans sa carrière ».

Le père de Nabina n’est pas le seul à soutenir son travail et son implication : « Mes beaux-parents sont aussi incroyablement encourageants, et c’est grâce à leur soutien indéfectible que j’ai gagné en confiance en moi. Ils me disent souvent que je fais autant d’efforts qu’un homme, ce qui m’a incitée à devenir plus résistante, tant sur le plan mental que physique ».

Cependant, plus que la reconnaissance extérieure, ce qu’elle a acquis en cours de route, c’est la confiance en soi : « Je me vois dans les prochaines années comme une technicienne vétérinaire compétente et qualifiée, prête à apprendre de nouvelles choses, à rendre service à ma communauté et à exceller dans ce que je fais. Lorsque je compare l’ancienne et la nouvelle moi, je perçois clairement de nombreuses différences. Avant, j’étais une personne très timide et peu sûre d’elle. Dans le passé, j’avais également très peur en opérant ou en traitant des animaux, mais aujourd’hui, j’ai davantage confiance en moi et en mes capacités. Avant, j’étais simplement la belle-fille de quelqu’un, mais maintenant tout le monde me connaît en tant que technicienne vétérinaire et assistante sociale, et j’ai ma propre identité. »

« Je rêve de devenir quelqu’un dans mon propre pays, de devenir la meilleure dans tout ce que je fais et de me prouver que nous sommes capables d’apporter des changements sociaux. En raison des nombreux déplacements que nécessite mon travail de technicienne vétérinaire, je suis la seule femme de mon village. Par le passé, j’avais des doutes sur mes capacités, mais je comprends maintenant qu’aucune femme n’est moins qualifiée qu’un homme dans quelque domaine que ce soit. L’une de mes aspirations est de soigner et de servir les animaux locaux, qui sont une composante essentielle de l’écologie ».

Elle sait qu’il existe des possibilités de changement, et que son parcours n’est pas une exception, mais qu’être une femme signifie devoir faire face à plus d’obstacles : « Je veux exhorter toutes les femmes à ne jamais remettre en question leurs compétences, à ne pas se sous-estimer et à travailler pour mettre fin aux préjugés. Nous avons besoin de plateformes et de possibilités qui sont fournies ou facilitées par des organisations comme Karuna-Shechen, car elle fonctionne comme un agent d’autonomisation des femmes par le biais de diverses initiatives, en plus des encouragements que nous, les femmes, recevons. »

Grâce à la voie qu’elle s’est tracée et aux efforts qu’elle déploie chaque jour, elle devient une source d’inspiration, non seulement pour les autres femmes qui pourraient décider d’agir selon leur propre désir, mais aussi pour la communauté dans son ensemble, comme l’explique Maanman, son père : « Elle m’inspire de nombreuses façons, mais l’une des plus notables est son engagement inébranlable à devenir meilleure chaque jour et à faire de son mieux. Non seulement moi, mais tout le monde dans mon quartier loue, respecte et a confiance en son travail. Elle est très demandée dans ma communauté en tant que vétérinaire. Ses efforts et son engagement à apprendre continuellement et à servir la communauté m’inspirent à être comme elle. »

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