Selon l’OMS, la tuberculose touche dix millions de personnes sous sa forme active et est responsable d’un million et demi de décès chaque année, ce qui en fait la maladie infectieuse la plus mortelle dans le monde, devant le sida.
Une maladie qui touche les plus vulnérables
La tuberculose provient d’une mychobactérie (bacille de Koch) infectieuse qui affecte les poumons et peut se répandre dans le reste du corps. Cette bactérie peut être active, présente dans le corps mais dormante toute une vie ou bien s’activer à la suite du développement de certains facteurs (comme la malnutrition ou le tabagisme par exemple).
Cette maladie, qui se propage dans l’air, se manifeste par des toux, éternuements et crachats et de la fatigue extrême. Ses symptômes proches de ceux de la COVID-19 l’ont rendue plus difficile à dépister durant la pandémie.
La tuberculose touche inégalement les populations : les personnes les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables à la maladie, dont l’activation, le développement et la propagation sont favorisés par la promiscuité, la malnutrition ou les maladies chroniques. En 2020, 1,9 million de cas de tuberculose dans le monde étaient liés à la sous-nutrition.
L’Inde, qui totalise près d’un quart des infections mondiales, est le pays le plus touché par cette maladie. Malgré les mesures mises en place par le gouvernement et les progrès encourageants des dernières années, le nombre de cas de tuberculose a augmenté en 2021 pour la première fois depuis dix ans.
La lutte contre la tuberculose ralentie par la COVID-19
Si la tuberculose se traite généralement à l’aide d’antimicrobiens en six mois, le problème réside dans son dépistage. En effet, il peut s’écouler plusieurs mois, voire plusieurs années avant que les premiers symptômes ne se manifestent et que la maladie se soit répandue dans l’organisme. Ce délai de dépistage renforce le risque de contamination et de propagation de la bactérie au sein des communautés.
L’arrivée de la COVID-19 a malheureusement empiré la situation. En effet, les ressources financières, matérielles et humaines ont été mobilisées dans la lutte contre la pandémie.
Par ailleurs, les populations elles-mêmes étaient réticentes à l’idée de se rendre dans des hôpitaux, par peur d’être testées positives à la COVID-19 ou de la contracter. Une réserve qui n’est pas due qu’à la crise sanitaire mondiale car une enquête a révélé que près de 64% des personnes porteuses de symptômes ne se sont pas rendues dans les services médicaux pour se soigner entre 2019 et 2021.
Des difficultés endémiques liées à un manque de ressources
Durant la pandémie, le gouvernement indien a également interdit aux établissements privés de conduire des tests salivaires. Les patients ont donc dû se rediriger vers les structures privées dotées de machines à rayons X ou vers les hôpitaux publics, qui fournissent un service gratuit pour les patients atteints de tuberculose. Or, ces derniers souffrent d’un manque de moyens et de personnel, ce qui pousse les populations à se tourner vers le secteur privé.
Néanmoins, les cliniques privées ne recensent pas systématiquement les cas positifs à la tuberculose, ce qui complique l’enrayement de la maladie et le suivi des cas. De plus, les prix exorbitants empêchent les personnes les plus pauvres d’avoir accès à une consultation avec imagerie médicale et un suivi efficace. Pour toutes ces raisons, de nombreux cas d’infection tuberculeuse n’ont pas été détectés ou l’ont été tardivement.
Un centre de diagnostic dans les cliniques de Karuna
Les centres médicaux de Karuna-Shechen au Bihar et au Jharkhand, en Inde, sont une alternative économique et efficace pour les plus démunis. Équipés de machines à rayons X, nos équipes médicales sont capables de détecter les cas de tuberculose le plus tôt possible.
Une fois l’infection confirmée par rayons-X, nos médecins réfèrent les malades vers le test obligatoire CB-NAAT (Cartridges Based Nucleic Acid Ampliation Test). Une fois ce test effectué, ils sont enregistrés sur le portail Ni-kshay (Ni = fin et Kshay = tuberculose), qui permet le suivi et la gestion des patients traités pour tuberculose.
D’ordinaire, la clinique est habilitée à mener de nombreux tests, pour détecter la présence de maladies contagieuses et/ou saisonnières. Néanmoins, durant la COVID-19, les cliniques étaient soumises aux mêmes réglementations que les établissements privés et n’ont donc pas pu pratiquer de tests salivaires. Ce n’est qu’en mai 2022 que ces derniers ont pu reprendre.
Depuis le mois de janvier 2022, 37 cas de tuberculose ont été détectés grâce aux technologies d’imagerie médicale de nos cliniques. Les malades ont été dirigés vers le Direct Observed Treatment (DOTS), mis en place par le Ministère de la Santé. Grâce à ce processus, les malades prennent leur médicament en présence d’une personne qualifiée, qui les accompagne, les renseigne et les conseille tout au long du traitement.
Babuchand, un jeune homme de 21 ans habitant au village Barachatti a été dirigé vers la clinique Karuna-Shechen après avoir souffert de toux et de fièvre pendant deux mois. Compte tenu des symptômes présentés, il a été soumis à un test salivaire puis envoyé au à l’Université médicale de Gaya pour un test CB-NAAT qui s’est avéré positif à la tuberculose. En dehors des tests, la clinique a fourni des compléments alimentaires tels que de la protéine en poudre, de la vitamine B et du fer. Babuchand et son fils, également atteint de tuberculose, ont pu débuter un traitement gratuitement dans des établissements publics voisins.
Quand un patient présentant des symptômes de la tuberculose arrive à la clinique, nous essayons d’abord d’en apprendre davantage sur son historique médical, pour savoir s’il a déjà souffert de tuberculose. Ensuite, nous demandons si un membre de sa famille a déjà été infecté. À partir des réponses, nous pouvons décider de procéder à un scanner à rayons X. Une fois le cas de tuberculose confirmé, nous orientons le malade vers l’établissement de santé public le plus proche de chez eux, pour qu’il passe par le DOT.
Jaya Moitra, Consultante santé – Bihar, Inde
Éradiquer la tuberculose à la racine
En 2017, le gouvernement a mis en place un Plan national stratégique pour l’élimination de la tuberculose (National Strategic Plan for Tuberculosis Elimination), qui vise l’élimination de la maladie d’ici 2025, soit cinq ans avant les objectifs de l’ONU. Le but est de développer la collaboration entre le gouvernement, les services de santé, les ONGs et la société civile afin de renforcer la prévention, le dépistage et le suivi des cas de tuberculose et de développer des réponses adaptées.
Malgré cela, de nombreuses difficultés subsistent, liées à un manque de fonds et de personnel qualifié. Un travail de sensibilisation reste également à faire pour éduquer les populations aux symptômes de la maladie, aux bonnes pratiques à adopter et les rassurer quant à la prise en charge hospitalière. Enfin, dans un pays où 55% des cas sont liés à la malnutrition, lutter contre l’extrême pauvreté et favoriser une meilleure alimentation est fondamental.
Participez à la lutte contre le fléau de la tuberculose
et soutenez les patients au Bihar et au Jharkhand
Des ressources pour aller plus loin
- Abantika Gosh, « 64% of Indians with Tuberculosis Symptoms didn’t seek healthcare finds first survey since 1955-58 », The Print India, 24 mars 2022
- Finshots, « India’s Battle Against Tuberculosis », 12 septembre 2022
- Government of India, Ministry of Health and Family Welfare, India TB Report 2022, « Coming Together to End TB Altogether », mars 2022,
- Shibu Vijayan, « Finding the Missing millions », Path, 16 janvier 2019
- Organisation mondiale de la santé, « Tuberculose »