La question n’est plus seulement théorique : nous avons le pouvoir de détruire ou de préserver cette biosphère. Notre responsabilité s’en trouve immensément accrue et nous ne pouvons pas détourner le regard en disant que ce n’est pas notre affaire.

Matthieu Ricard

Le changement climatique a de lourdes conséquences sur la Terre et constitue une menace globale sur toutes les formes de vie. A travers ce dossier en deux parties, nous vous proposons de découvrir son impact dans nos régions d’interventions : en Inde et au Népal.

Cette année, l’Inde a connu la plus longue vague de chaleur de son histoire. Le changement climatique qui se définit comme “des variations durables des températures et des conditions météorologiques” (Organisations des Nations Unies) en est à l’origine.

Dans plusieurs régions du pays, les températures ont dépassé les 45 degrés Celsius, atteignant 50 degrés dans le Nord.

Ces conditions sont très difficiles pour le corps humain, la température maximale supportée se situant entre 40 et 50 degrés.

Au-delà, il risque de dysfonctionner et les effets peuvent être mortels.

L’activité humaine, principal moteur de la crise climatique

Au cours de la vie sur Terre, comme l’explique l’ONU, les changements climatiques ont été principalement causés par des phénomènes naturels tels que des fluctuations de l’activité solaire ou des éruptions volcaniques majeures. 

Cependant, depuis le début de l’ère industrielle au 19ème siècle, les activités humaines en sont devenues la cause principale. Comme dénoncé par Matthieu Ricard, en plus de favoriser l’émission des gaz à effet de serre, l’être humain exploite et consomme excessivement les ressources de la planète. 

Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en mars 2023 a confirmé cette responsabilité humaine, avec un consensus de 97%.  Les évaluations exhaustives du GIEC sont rédigées par des centaines de scientifiques de renommée mondiale, avec la contribution de milliers d’experts, et approuvées par les gouvernements de tous les pays du monde

L’Inde est particulièrement affectée par la crise climatique notamment en raison de sa position géographique : étant proche de l’équateur, elle reçoit une quantité de rayonnements importants chaque année.

D’autre part, le pays fait face à des défis majeurs d’adaptation dus à une forte densité de population, à une urbanisation rapide sans infrastructures adéquates, et à d’importantes inégalités, limitant sa capacité à se préparer et à réagir efficacement.

Les conséquences  du réchauffement climatique ont une incidence sur divers aspects de nos vies. Voici les principaux impacts observés sur les communautés vulnérables indiennes que nous accompagnons.

D’importants risques sanitaires

Les fortes chaleurs font peser de véritables risques de santé publique. Elles favorisent les maladies respiratoires, la déshydratation, les maux de tête, ou encore, les irritations cutanées. Ces symptômes peuvent être particulièrement graves pour les personnes manquant de ressources, surtout s’ils ne sont pas soignés.

Cette année, environ 60 décès par coup de chaleur et 25 000 maladies liées à la chaleur ont été signalés en Inde entre mars et mai 2024 en Inde (Centre National de Contrôle des Maladies). Les décès n’étant pas toujours déclarés dans les zones rurales, les chiffres réels sont certainement plus élevés.

Les vagues de chaleur ne sont pas seulement inconfortables, elles sont dangereuses pour notre santé. Nous avons tout le temps soif et des une sensation de brûlure sur la peau. De plus, l’air devient très vite suffocant.

Kalmi Lohar, Motivatrice de village, Karuna-Shechen Inde

La crise de l’eau

Le changement climatique dérègle les cycles des saisons des pluies et favorise les évènements climatiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations.

Les pénuries sont de plus en plus fréquentes et l’eau devient une denrée rare. Cela affecte la potabilité et la disponibilité de l’eau, engendrant des pénuries.

Nous avons d’ailleurs observé une baisse de 35 % du niveau des réservoirs d’eau en Inde.

Les ménages et le milieu agricole sont particulièrement touchés par cette crise qui compromet également la sécurité alimentaire. Les récoltes baissent en raison des difficultés d’irrigation.

L’accès à l’eau en Inde est un défi majeur, qui influe sur les activités et le bien-être des communautés locales.

Face à ces problématiques croissantes, il est crucial de s’adapter et de trouver des solutions pratiques pour atténuer les impacts du changement climatique.

Le travail devient extrêmement difficile, surtout lorsqu’il s’agit de couvrir des zones éloignées. Le nombre de semences que nous pouvons distribuer a également diminué en raison du manque d’eau et des fortes chaleurs, qui rendent les conditions impropres à la croissance des plantes.

Kalmi Lohar

Comment s’adapte-t-on sur le terrain ? 

Nos activités ont été fortement affectées, mais la sécurité des équipes terrain reste une priorité.

La chaleur crée des difficultés pour se rendre dans les villages en journée et un danger potentiel sur la santé des communautés. 

Le rythme de nos projets de sensibilisation s’est adapté. Désormais, leur journée de  travail commence très tôt le matin et se termine en fin d’après-midi.

Par conséquent, nos activités ont été ralenties, diminuant l’aide apportée. 

Les programmes d’éducation par exemple, ont presque été interrompus, les centres de développement de la petite enfance et les écoles ayant dû fermer. 

Aujourd’hui, malgré leur réouverture, la fréquentation a chuté. La plupart des parents gardent leurs enfants à la maison pour éviter les insolations.

Nous saluons néanmoins le courage des équipes Karuna sur le terrain qui, malgré les conditions rendues difficiles, sont déterminées à continuer de faire fonctionner les programmes. Elles font preuve d’une grande capacité d’adaptation et pour cela, nous leur exprimons une profonde gratitude.

La chaleur intense de l’été a eu un impact significatif sur notre capacité à fournir des services efficaces. Nous souffrons d’épuisement dû à la chaleur et la participation de la communauté a également diminué.

Rani Kumari, mobilisatrice de santé communautaire, Karuna-Shechen Inde

L’espoir d’un avenir sain

Si nous pouvons apprendre, chacun, dans le monde entier, à aimer la nature, à l’apprécier, et veiller à le faire de tout notre coeur et du plus profond de nous-mêmes, alors nous pouvons changer bien des choses dans le monde […].

 Elizabeth Wathuti, militante pour le climat.

Lorsque le problème d’extrême chaleur prend fin, la saison des pluies débute. Phénomène redoutable, elle amène de nouveaux obstacles à surmonter pour les populations qui n’ont aucun répit.

Alors, pour s’adapter aux défis croissants du changement climatique, la résilience des communautés est essentielle. Cette capacité de l’esprit à se relever face à l’adversité a par exemple déjà permis de mettre en place des initiatives telles que la construction d’un étang à Silaighati

Adopter un comportement éco-responsable durablement est aussi primordial. En intégrant certains gestes à notre quotidien, nous pouvons en effet diminuer notre impact environnemental. Il est d’ailleurs important de transmettre cela aux plus jeunes, qui représentent l’avenir. 

Karuna met en place des programmes afin d’agir à son échelle mais semer les graines d’un avenir durable est aussi l’affaire de tous. Il est de notre responsabilité commune et individuelle de repenser nos modes de vie, d’agir et de s’engager au quotidien.

Encourageons la résilience des communautés affectées par le changement climatique

Le Népal, où nous intervenons auprès de populations démunies, est également particulièrement touché par la crise climatique. Entre chaleurs extrêmes, sécheresses et incendies, découvrez à quel point ces défis impactent la vie des communautés népalaises et comment elles y font face dans la suite de notre dossier sur les vagues d’extrêmes chaleurs en Inde et au Népal.


Sources