Avant de vouloir prendre soin d’autrui, il faut d’abord être capable de s’aimer soi-même. Ce n’est qu’après avoir accepté cette bienveillance à l’égard de soi qu’il est possible de l’étendre à tous les autres.
Matthieu Ricard
Le 6 octobre 2024 marque la 15ᵉ édition de la Journée Nationale des Aidants, un moment essentiel pour prendre conscience du rôle de ces femmes et hommes qui accompagnent au quotidien des personnes vulnérables.
Bien plus qu’une simple commémoration, cette journée est un appel à la reconnaissance et au soutien envers ces héros et héroïnes de l’ombre. Cette année, l’accent est mis sur l’importance de l’auto-reconnaissance des aidants afin qu’ils puissent accéder aux ressources nécessaires.
Quelques chiffres sur les aidants en France
La réalité invisible des aidants
Nous sommes toutes et tous susceptibles de nous retrouver en situation de dépendance, que ce soit en raison d’un handicap, d’une maladie chronique, ou en vieillissant. De la même manière, nous pouvons être amenés à devenir aidants, en apportant par exemple un soutien moral, une aide à la vie quotidienne, ou encore une aide financière à une personne plus ou moins proche.
Le rôle d’aidant n’est cependant pas sans défis : il implique souvent un isolement social, un épuisement physique et mental, un manque de soutien adapté, et une difficile conciliation entre vie professionnelle et responsabilités d’aidant.
L’aidant est vulnérable parce qu’il est très sollicité, très impliqué émotionnellement.
Maryse Bresson, professeure de psychologie
Qu’il s’agisse d’un métier ou d’un engagement personnel, ces obstacles peuvent peser lourdement sur le quotidien des aidants, rendant indispensable une prise de conscience collective et un accompagnement renforcé.
Le programme Résilience – Alliance Altruiste de Karuna s’inscrit dans cette démarche, offrant un accompagnement personnalisé afin que les aidants puissent continuer leur mission inspirante.
Programme Résilience : une réponse concrète
Le programme Résilience – Alliance Altruiste a pour objectif d’aider les aidants à équilibrer le soin qu’ils apportent aux autres avec celui qu’ils doivent se prodiguer à eux-mêmes. Il vise à renforcer la résilience des individus et des organisations en favorisant des actions altruistes.
Structuré en six séances hebdomadaires de deux heures chacune, le programme se déroule sous forme de cercles de parole.
Cela offre un espace pour revenir à soi, accueillir ses émotions, et améliorer la communication et l’engagement.
Les participantes et participants apprennent à utiliser des outils pratiques pour naviguer dans leur quotidien.
Pour Franck Blot, directeur du Plaidoyer et Instructeur en Intelligence et Pleine Conscience, le programme « apporte des outils pour accueillir les émotions difficiles, clarifier nos besoins, redonner du sens à notre travail, et agir selon nos valeurs, mais il aide aussi à créer du lien avec les collègues. » Il poursuit : « A nos yeux il est très important que les participants réalisent qu’ils ne sont pas seuls dans leurs expériences difficiles, que leurs collègues peuvent être des soutiens précieux. »
Une approche essentielle du programme est la mise en action à travers l’identification des « Plus Petits Pas Possibles », des actions concrètes que chaque participant peut entreprendre pendant et après les séances.
Enfin, le programme facilite l’intégration fluide des outils au sein des organisations en formant des instructeurs internes, qui jouent un rôle clé dans la mise en œuvre et le soutien continu des pratiques de résilience.
Franck Blot explique qu’il existe deux grandes difficultés lorsqu’on accompagne des personnes en situation de grande détresse.
Selon lui, le premier risque est celui de tomber dans le surmenage, l’épuisement, voire la détresse empathique, en étant profondément touché par les individus accompagnés.
D’autre part, il met en garde contre le danger inverse : celui de se déconnecter complètement de ses émotions pour pouvoir affronter la souffrance sans être trop affecté.
Cette absence d’émotion peut entraîner une perte de sens dans le travail, un manque de bienveillance envers l’autre, mais aussi envers soi-même, en étant déconnecté de ses propres ressentis.
Franck nous rassure néanmoins : « Quand nous parlons de « résilience », nous parlons de la résilience d’un organisme, d’une association, d’un service.
A nos yeux, la résilience d’un organisme viendra des actions altruistes de ses membres. Le programme invite donc chaque participant à trouver son juste équilibre entre prendre soin de soi et prendre soin des autres, mais aussi à créer du lien dans une équipe, pour au final considérer que nous sommes alliés les uns avec les autres pour soulager toutes ces souffrances. »
Résilience – Alliance Altruiste en 2024
Témoignages de participantes
Un atelier qui me semble nécessaire pour tous les travailleurs sociaux. D’une part, cela permet d’avoir un espace qui nous impose de nous centrer sur nous-même. D’autre part, nous y apprenons des outils que nous mettons directement en pratique grâce aux demi-journée en appliquant directement au quotidien les outils transmis. Enfin, cela permet de se sentir soutenu par notre employeur en reconnaissant le caractère stressant de nos métiers.
Travailleuse sociale à la Croix Rouge Luxembourg
Ce programme a été d’un grand soutien pour moi dans une période particulière de reconstruction suite à un épuisement professionnel. Le programme s’est avéré très soutenant pour moi et complémentaire de la psychothérapie que je menais parallèlement.
Travailleuse sociale à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (Ministère de la Justice)
Dans ma vie personnelle, je m’étais déjà ouverte à ce type de pratique méditative, réflexive. Aussi, j’ai apprécié ce « temps de pause » dans mon quotidien chargé en travail et en émotions. Ce programme permet de se décentrer de son activité pro et de se recentrer sur soi-même favorisant au passage une prise de recul. Il fait gagner en calme et en sérénité. Il faut néanmoins être ouvert à ce type de pratique.
Travailleuse sociale à La Croix Rouge Luxembourg
Pour prendre soin des autres, il est essentiel de commencer par prendre soin de soi. Les aidants, par leur engagement et leur dévouement, jouent un rôle indispensable dans notre société et méritent toute notre reconnaissance. En les soutenant, nous leur permettons de poursuivre leur précieuse mission avec la force et la compassion nécessaires.
Un grand merci à toutes ces personnes dévouées qui, chaque jour, améliorent la vie de celles et ceux qui en ont besoin.